22
Mai
Le diagnostic : un état des lieux de la ville de MarrakechMarrakech est la quatrième ville du Maroc après Casablanca, Rabat et Fès, elle compte environ 900 000 d'habitants (estimations de 2009) avec une superficie de 230 Km². La densité de population atteint les 350 habitants à l'hectare dans la partie la plus ancienne de la ville, la Médina. La ville se situe dans la plaine du Haouz, au pied du versant nord du Haut Atlas, dominé par le Jbel Toubkal qui culmine 4 165 m. Le Haouz de Marrakech s'étend sur environ 400 000 ha entre le dir du Haut Atlas au Sud, les Jbilet au Nord, Oued Rdat à l'est et les collines de Mzoudia à l'ouest. Le climat du Haouz est aride à hiver tempéré. La ville relève de la Préfecture de Marrakech. Chef lieu de la région Marrakech-Tensift-Al Haouz Marrakech se subdivise en 5 arrondissements : Annakhil Guéliz Médina Ménara Sidi Youssef Ben Ali (SYBA) comme indiqué dans la carte ci-dessous. Carte 1 : Découpage administratif de la ville de Marrakech
![]()
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
La ville est enserrée au milieu d'un réseau hydrographique constitué par les oueds Rdat, Zat, Issil qui traverse la ville et le N'fis. L'alimentation de la nappe du Haouz provient des eaux de l'Atlas, des précipitations et des réinfiltrations des eaux utilisées par l'irrigation. La nappe circulerait du Sud vers le N.O. vers les oueds Tensift et Tessaout. L'alimentation de la nappe phréatique se fait en général à partir des eaux de crue donc fortement dépendante des la pluviométrie laquelle est irrégulière. Population : Au recensement de 2004, la préfecture de Marrakech comptait 1 063 415 habitants. Les cinq arrondissements de Marrakech comptaient 795 000 habitants. Marrakech est entourée par les communes rurales suivantes : Tassoultante, Sidi Abdellah, Al Ouidane, Oulad Hassoun, Harbil, Ouahat Sidi. Depuis le recensement de 1960, Marrakech, a gardé un rythme de croissance soutenu mais avec une importante tendance à la baisse depuis 1994. Ainsi le taux d'accroissement annuel moyen a été de 2,7% entre 1960 et 1971 et entre 1982 et 1994. Cette croissance a fléchi entre 1994 et 2004 avec 2,2%. Ce fléchissement est un indicateur important de la transition démographique qui caractérise l'ensemble du pays avec un TAAM de 1,4%. Concernant Marrakech, l'accroissement serait à imputer en grande partie à l'accroissement naturel de la population communale . La population urbaine est inégalement répartie entre les cinq arrondissements dont les superficies varient fortement. En effet, Ménara est l'arrondissement le plus peuplé avec 282 000 habitants suivi de Guéliz, puis Médina, SYBA et enfin Annakhil. Les projections disponibles concernent 2010 et 2015 . D'après ces projections, la population urbaine de la préfecture de Marrakech serait de 854 772 habitants en 2010 et 864 216 en 2015 habitants contre 843 575 habitants en 2004. Occupant à peine une superficie de 21 km² en 1945, l'aire urbaine de la ville de Marrakech est passée à 37 km² en 1989 à 181 Km² lors de la nouvelle délimitation de l'agglomération en 1992. Le tableau donne l'évolution des populations et des surfaces du périmètre urbain. Tableau 1 : Evolution des surfaces urbanisées de 1971 à 2004
La structure urbaine de la ville de Marrakech se caractérise par la forte centralité autour de la place Jamâa El Fna et l'avenue Mohamed V. Une telle organisation centrifuge, rend difficile la tentative de repenser la ville à partir d'une multipolarité fondée sur la complémentarité et l'interdépendance. La ville s'est développée, davantage au gré des opportunités foncières, essentiellement par le biais de dérogations, aux dépens du souci de cohérence et d'harmonisation de l'ensemble urbain. L'extension urbaine a favorisé l'éclatement qui influe négativement sur le coût d'urbanisation, le droit d'accès aux services et aux équipements de la ville, et sur le milieu rural avoisinant. L'absence de documents d'urbanisme homologués accentue la forte pression qui s'exerce sur les institutions en charge de l'application de la réglementation lesquelles semblent dépassées. Le SDAU préconisait un recentrage autour du noyau historique de la médina mais le développement de la ville s'est fait hors des limites prévues. Dans la médina, on assiste à une dégradation du bâti avec l'augmentation des constructions menaçant ruine mais aussi à un mouvement non négligeable de rénovation d'anciennes constructions comme les riads. La médina de Marrakech, tout en restant un pôle d'attraction central pour la population rurale, citadine et touristique, n'est plus structurellement un ensemble unique : elle a éclaté en une série d'entités urbaines différenciées dont certaines se prolongent en zones péricentrales voire suburbaines. On distingue quatre grands ensembles :
Aperçu sur l'état des lieux Présentation Les analyses présentées dans cette partie sont le fruit du travail de la cellule technique mise en place au sein de la Commune Urbaine de Marrakech pour la préparation du Plan Communal de Développement «PCD» 2011-2016 selon l'approche Planification Stratégique Participative «PSP». Présidée par monsieur Hamid Narjisse, cinquième vice président de la Commune et président de la Région Marrakech-Tansift- El Haouz, cette cellule a travaillé pendant de nombreux mois. En plus de son président et de son coordinateur, monsieur Abdelkrim El Khatib, l'équipe est composée d'une douzaine de hauts cadres exerçant des responsabilités élevées au sein de la Commune. Urbanisme et aménagement du territoire La ville de Marrakech est organisée en cinq arrondissements, présentant chacun des caractéristiques spécifiques du point de vue de sa population et de l'organisation de l'espace. Tableau 2 : Présentation synthétique des arrondissements
La ville se trouve confrontée à quatre types de dysfonctionnement :
En arrière plan de ces formes d'urbanisation, souvent, peu maîtrisées et de qualité médiocre, s'est imposée une urbanisation par voie de dérogation. Les infrastructures de base L'alimentation en eau potable de la ville de Marrakech est assurée par la Régie Autonome de Distribution d'Eau et d'Électricité de Marrakech (RADEEMA). La production de l'eau potable étant assurée par l'Office National de l'Eau Potable (ONEP.) Les ressources mobilisées par l'ONEP sont constituées d'eaux superficielles qui proviennent du barrage Sidi Driss et d'eaux souterraines. Assurée par deux réservoirs, la capacité de stockage disponible qui est de 105 000 m3 garantit une autonomie de 16 heures. L'approvisionnementen eau est vulnérable : La ville ne dispose que d'une seule source qui transite par le canal de la Rocade. L'éloignement des barrages accroît les risques de rupture. Les eaux souterraines sont en chute continue. Les ressources provenant du N'fis sont en baisse et sont surtout destinées à la nouvelle ville de Tameslouht. La demande en eau est en constante augmentation avec l'accroissement urbain et le développement touristique. Assainissement liquide : Depuis 1998, l'assainissement liquide est géré par la RADEEMA. La surface de la zone assainie est d'environ 12 360 ha avec un taux de desserte de 82%. La ville de Marrakech est dotée d'un réseau d'assainissement collectif de deux types : unitaire et pseudo-séparatif. Le linéaire total du réseau en 2009 s'élève à environ 1820 Km. Certaines tronçons du réseau sont réalisés avec des pentes quasi- nulles, voir des contre-pentes. Certains déversoirs sont mal calés. Depuis sa prise en charge par la RADEEMA, le réseau a beaucoup évolué. Entre 1999 et 2008, 750 MDh ont été investis pour la réalisation de la première tranche recommandée par le S.D.A.L. Les pouvoirs publics ont consenti de gros efforts pour traiter les eaux usées en vue de leur réutilisation primaire, et pour réaliser les travaux d'extension de la STEP pour le traitement secondaire et tertiaire. Le schéma directeur prévoit la mise en service d'une deuxième station d'épuration au sud-ouest de la ville et la répartition partage des eaux usées sur deux grandes zones. Parmi les contraintes on cite la saturation de l'actuelle station d'épuration, les fuites dans le réseau ainsi que les rejets des eaux usées dans le milieu naturel, ce qui affecte la qualité des eaux souterraines, la nature de l'habitat, surtout dans la médina empêche la mise à niveau du réseau. La Distribution de l'Électricité est assurée aussi par la RADEEMA sauf une partie où intervient l'ONE. Il n'existe pas de délimitation précise des périmètres d'intervention des deux opérateurs. La ville de Marrakech est alimentée à travers une puissance installée de 500 MVA et une puissance garantie de 300 MVA. La demande l'électricité a fortement augmenté ces dernières années comme indiqué dans le tableau suivant : Tableau 3 : Evolution des indicateurs de l'électricité
Parmi les contraintes on peu citer l'absence de documents stratégiques de planification, surtout dans le domaine de l'urbanisme ce qui handicape l'élaboration d'une vision stratégique dans le domaine de l'électrification. Les équipements et la gestion n'ont pas suivi l'expansion urbaine et touristique, ce qui a engendré certains dysfonctionnements. L'éclairage public : La Commune assure directement l'exploitation du réseau, son extension ainsi que sa gestion (achat de l'électricité de la RADEEMA et de l'ONE). Actuellement, le réseau compte plus de 53 000 points lumineux répartis sur différentes puissances comme indiqué dans le tableau suivant d'après la commune : Tableau 4 : Répartition des points lumineux
Du fait d'une urbanisation rapide, ce réseau s'est étendu très vite ces dernières années comme illustré par le tableau suivant. Tableau 5 : Evolution des points lumineux
La ville achète l'électricité pour une valeur annuelle 50 MDh (42 MDh à la RADEEMA et 8 à l'ONE). Cette facture représente un peu moins de 10% du budget de fonctionnement de la ville (non compris l'électricité pour les bâtiments). Le réseau d'éclairage est non stabilisé, les équipements électriques dans certains quartiers sont vétustes, des câbles souterrains et aériens sont fortement dégradés. On constate un déséquilibre des charges et surcharges des phases dans plusieurs quartiers, un taux très élevé de points noirs et l'absence de télégestion. Protection contre les inondations : L'agglomération de Marrakech est coincée dans la plaine du Haouz central, entre le Haut Atlas au sud et les Jbilet au nord, dans une plaine qui s'incline du sud-est vers le nord-ouest laquelle est parcourue par un réseau hydrographique dense. Les eaux de crues des oueds Al Bahja et Herrya et la châaba Karoumia situés à l'ouest de la ville débouchent sur les quartiers M'hamid, Azli et sur l'aéroport. L'action des orages est favorisée par la topographie et accentuée par la construction dans les zones inondables, le manque d'entretien des cours d'eau, le dépôt de gravats dans les lits des oueds. Plusieurs études et travaux ont été réalisés. Mais ces travaux n'ont eu qu'une efficacité relative. Les inondations persistent car de nombreux travaux ne sont pas achevés. La voirie : Le schéma du réseau de voirie de la ville de Marrakech est radioconcentrique. Le réseau de voirie a été développé suite aux opérations immobilières de ces dernières années comme indiqué dans le tableau suivant: Tableau 6 : Description du réseau routier
e réseau qui s'est développé récemment n'a pas cependant pu suivre le rythme de l'accroissement urbain ni s'y adapter correctement. Les trottoirs sont en général dégradés, mal entretenus avec très peu de passages piétonniers et de facilités pour handicapés. La signalisation est nettement insuffisante, la structure du corps de la chaussée est hétérogène. Le réseau exige un programme de renforcement et d'entretien qui n'a pu être mis en place. Entre 2004 et 2008 la ville a dépensé 996 284 928 Dh. Les déplacements urbains de la ville de Marrakech : Les infrastructures n'ont pas toujours suivi l'accroissement urbain. Les stratégies des différents départements techniques sont en cours d'élaboration. Tout cela a engendré beaucoup de modes différents de déplacements et les disfonctionnements entre ces différents modes deviennent manifestes. Les autorités de la ville ont lancé un plan des déplacements urbains depuis 2007 qui dessine l'image de la ville à différents horizons et ont élaboré un plan d'action pluriannuel. Le taux de motorisation moyenne est d'environ 120 voitures pour 1 000 habitants. Le parc automobile qui est de 120 000 véhicules, croit à un rythme de 4% par an auquel il faut ajouter 140 000 motos et 40 000 vélos. Marrakech enregistre en moyenne 6 Millions de mouvements par jour. Il y aurait 60% des déplacements à pied, 21% sur deux roues, 15% en voiture et 4% par les transports en commun dont 160 000 mouvements en bus. Les problèmes de circulation résideraient dans l'insuffisance des feux de signalisation, les encombrements au niveau de nombreux ronds points, le nombre élevé des accidents de la circulation, le stationnement de véhicules et l'occupation des trottoirs par les marchands ambulants, les commerces et les cafés. Ces difficultés de circulation ont pour conséquence l'augmentation de la pollution caractérisée par un taux anormalement élevé de certains polluants toxiques.
L'environnement Le cadre juridique et institutionnel de l'environnement et du développement durable existe mais des facteurs divers ne facilitent pas sa mise en œuvre. De nombreux problèmes se posent en matière d'insuffisances de réseaux (eau potable, eaux usées…), d'infrastructures de traitement des déchets (solides, liquides, gravats) en matière de pollutions ou encore de nuisances. Le diagnostic met clairement en évidence l'absence de développement de programmes d'énergies renouvelables, la timidité d'approche de développement durable, la faible prise en compte de critères environnementaux dans les nouveaux projets d'urbanisme et de construction. Marrakech dispose de 67 jardins avec une superficie totale de 281 ha répartie inégalement entre les arrondissements. Les espaces sont bien intégrés dans la vie quotidienne des habitants qui manifestent une importante demande dans ce domaine. Économie Marrakech est une ville en plein essor, comme le montre certains indicateurs concernant la consommation électrique, celle de l'eau potable, du ciment, le développement à l'export de l'artisanat, le nombre de projets de développement réalisés ou en cours, le développement touristique et celui du trafic aérien. Cette évolution a fait baisser le taux de chômage et réduit le taux de pauvreté. Ce dynamisme n'a pas cependant permis de réduire l'habitat insalubre, ni le déficit en infrastructures de base, celui des équipements sociaux. Par ailleurs la croissance de la ville repose, en trop grande partie sur le tourisme et son attractivité et sa capacité d'adaptation reste encore insuffisantes. L'artisanat malgré sa dynamique reste fragile et le secteur industriel encore insuffisant. Le développement de la ville se cherche encore une stratégie. Le dynamisme de la ville serait aussi à rechercher dans une réelle coopération régionale fondée sur la complémentarité et les synergies. La population d'âge actif s'accroît même si des signes de ralentissement et que l'on s'attend à un taux de vieillissement plus prononcé. L'emploi des jeunes mieux formés et plus diplômés, se posera avec encore plus d'acuité. Enfin la compétitivité des diverses productions de la ville dont l'artisanat risque de pâtir de la concurrence dans la perspective d'une plus grande libéralisation des échanges. Ceci étant Marrakech dispose de marges tout à fait prometteuses de développement et de modernisation de ses activités économiques. Animation socioculturelle et sportive et mobilisation de la société civile L'animation socioculturelle et sportive n'est pas un luxe : Personne ne doute plus de la forte dépendance entre culture et développement. Investir dans la culture, c'est investir dans le développement économique et social. La ville de Marrakech, est une cité enracinée dans la culture marocaine. Son originalité, sa diversité culturelle, son patrimoine lui confèrent des atouts considérables. Pourtant, l'analyse fait apparaître un état peu satisfaisant des infrastructures et des équipements culturels et sportifs, une inégale répartition de ces infrastructures entre les arrondissements et les quartiers, une maîtrise insuffisante de leur gestion. Les ressources financières et humaines restent trop modestes au regard des besoins et de la demande notamment de la part des jeunes. Les infrastructures socioculturelles restent modestes pour une agglomération approchant le million d'habitants. On peut estimer que ces infrastructures sont nettement insuffisantes. Ce qui existe est mal réparti entre les quartiers et les arrondissements. Certains secteurs sont complètement dépourvus. Les équipements sont insuffisants ou peu adaptés, le personnel existant est insuffisant et peu formé, l'entretien laisse à désirer. La ville de Marrakech abrite un grand nombre de manifestations que l'on peut classer sous animation culturelle. On dénombre au moins 21 festivals. Ces festivals attirent beaucoup de gens mais seraient peu fréquentés par la population de Marrakech. Les sports : La situation des infrastructures sportives n'est guère différente : un stade, 3 complexes sportifs et 4 terrains de foot, 4 salles couvertes, 8 piscines, 2 cours de tennis, 12 terrains de proximité, 1 circuit de cross country, 1 circuit d'athlétisme et des salles de sport privées. Ce qui existe est inégalement réparti entre les quartiers et les arrondissements. Certaines structures ne sont pas suffisamment équipées et leur entretien serait insuffisant. La ville abrite 7 manifestions sportives. La mobilisation de la société civile : La ville de Marrakech dispose d'un tissu associatif riche avec pas moins de 2 546 associations au sein desquelles on trouve beaucoup d'associations de quartiers et des associations caritatives. En outre, un nombre indéfini d'associations n'existerait que sur le papier n'ayant presque pas d'activité, d'autres exerceraient leurs activités dans des conditions légales pas toujours conformes. Les associations souffrent d'un sous encadrement important, d'une efficacité relative alors qu'elles mobilisent beaucoup d'énergies. Le niveau de compétence de beaucoup d'association n'est pas très élevé et le professionnalisme reste rare. Dans leur grande majorité les associations ne disposent pas de ressources financières leur permettant de réaliser leurs activités, de mettre en œuvre leurs objectives souvent trop ambitieux par rapport à leurs moyens. La culture, le sport et la mobilisation de la société civile sont amenées à jouer un rôle moteur dans le développement de la ville de Marrakech. Pour cela, un effort important doit être consacré à l'amélioration des infrastructures, à la répartition équitable de celles-ci entre quartiers, à l'amélioration de leur entretien et fonctionnement, au renforcement des capacités de leur personnel. Une grande attention doit être accordée à la demande croissante de la population en produits culturels et services liés à l'exercice de sports et d'activités physiques individuelles ou collectives. A tout ce qui précède la société civile devrait être associée. L'Accès aux services de base et lutte contre l'exclusion et la vulnérabilité La ville est de plus en plus impliquée dans les aspects liés à l'accès aux services de base et à la lutte contre l'exclusion et la vulnérabilité même si ces aspects relèvent des services extérieurs. La ville ne pourrait se désintéresser de l'accès de ses administrés aux services de santé, d'éducation, d'eau, d'électricité, de transport etc. L'éducation Le taux d'analphabétisme dans la ville de Marrakech atteint 30% (20% pour les hommes et 39,4% pour les femmes). Le taux d'analphabétisme est le plus élevé dans l'arrondissement Annakhil (47,1%), alors qu'il n'est que 22% à Gueliz. En 2004, 59,2 % de la population a un niveau primaire, collège et secondaire. En matière d'infrastructure on constate une variation importante selon les arrondissements. Si l'enseignement public est toujours prépondérant, sa part semble se réduire. Il occupe 150 000 élèves dont 74 000 dans le primaire, 45 000 dans les collèges et 30 000 dans les lycées. Ainsi, sur un total de 180 000 enfants scolarisés depuis le primaire l'enseignement privé en occuperait 30 000. Si l'abandon scolaire est en régression, il demeure cependant important et dans ce domaine des disparités parfois importantes existent entre arrondissements ou l'accès à l'éducation apparaît ainsi inégal. L'extension de l'enseignement privé pourrait être interprétée comme une baisse de niveau de l'enseignement public. Ceci accroît les disparités entre arrondissements et quartiers. La santé La ville de Marrakech abrite 3 hôpitaux universitaires, 16 centres de santé urbains dont 2 avec accouchement d'une capacité totale de 1505 patients. La demande est forte. La répartition spatiale des infrastructures sanitaires (hôpitaux et centres de santé) est inégale entre les arrondissements et quartiers. Le nombre d'habitants par centre de santé est de 13 494 dans l'arrondissement de la Médina. Il est de 20 566 à Annakhil, 44 527 à Sidi Youssef Ben Ali et 59 010 à Ménara. De ce qui précède, il apparaît nécessaire d'augmenter la capacité des CHU, de créer d'autres centres de santé dans les arrondissements Ménara, Annakhil, Sidi Youssef Ben Ali; de rénover et équiper les centres de santé existants, d'augmenter le nombre d'ambulances, d'améliorer le taux d'encadrement (médecins, infirmiers, personnel administratif), d'accorder une priorité à la question de la santé maternelle et infantile d'améliorer l'accès des catégories marginalisées aux services de soins. Les phénomènes d'exclusion et de précarité Il existe une grande diversité de personnes souffrant de précarité et de pauvreté : enfant, adultes, homme, femme, des personnes aux besoins spécifiques. Tous ont un dénominateur commun, la dégradation de leurs conditions de vie. L'objectif dans ce domaine est de procurer aux personnes concernées un minimum permettant aux individus concernés une certaine dignité. Le taux de pauvreté est l'ordre de 7,91% et le taux de vulnérabilité de 13,96%. L'arrondissement Annakhil présente des taux de pauvreté et vulnérabilité les plus élevés. En matière de lutte contre l'exclusion et la précarité beaucoup reste à faire. Si beaucoup de bonnes volontés et notamment des associations interviennent pour soulager certains maux et atténuer la souffrance de personnes particulièrement vulnérables, cela se fait dans des conditions qui ne sont pas toujours satisfaisantes. Les responsabilités sont rarement clairement définies entre la Commune, les services extérieurs et la société civile. Les rapports de celle-ci avec la commune ont besoin de plus de clarification et d'une vraie politique de partenariat. D'un autre côté il faut tenir compte de l'impression d'insécurité ressenti par certaines populations. Dans ce domaine aussi, des disparités entre arrondissements existent. Habitat insalubre et HMR Les douars Le phénomène de l'habitat insalubre n'a pas cessé de s'amplifier devenant une composante du tissu urbain. L'urbanisation rapide a imposé des changements radicaux de l'organisation sociale et spatiale de la ville ce qui s'est manifesté par l'apparition des « douars », habitat qui s'apparente plus à l'habitat rural. En 1960, on a recensé 64 douars avec une population totale de 12 917 habitants. En 1998, on a recensé 152 douars abritant 25 890 ménages, localisés dans les anciens arrondissements Ménara/Guéliz (105 douars) et Annakhil (42 douars). Lancé en juillet 2004, le programme ''Villes sans bidonvilles'' (VSB) a été confirmé par celui de l'INDH. A Marrakech la mise à jour de la situation des douars a révélé l'existence de 225 douars occupant 260 ha (90 ha sont de terrains privés et 170 domaniaux) avec une population de 15 755 ménages (environ 80 000 habitants.) Avant 2004, 20 opérations de résorptions ont été engagées sur 28 douars abritant 7 351 ménages pour un coût estimé à162 millions de dirhams. En convergence avec l'INDH, un programme de généralisation de l'accès aux services de l'électricité, l'eau potable et d'assainissement liquide a été mis en place. Fin 2009, l'état d'avancement global du programme atteint 57,1%, soit un total de 10 740 ménages résorbés, dont 5 806 (64,4%) sont restructurés et 4 934 (50,4%) recasés. Il y a 20 douars, totalisant 5 806 ménages qui ont été restructurés dans le cadre du contrat de ville. Sur une surface de 26,5 ha, 8 douars, totalisant 3 142 ménages sont en cours de restructuration. Les contraintes sont nombreuses : Absence d'un planning précis de mise en œuvre des actions du programme VSB, manque de coordination entre les différents intervenants, information insuffisante sur les ménages bénéficiaires, absence d'accompagnement social des populations, réticences des ménages envers les sites d'accueil éloignés, épuisement des réserves foncières, absence de vulgarisation des procédures des microcrédits, le recensement et l'authentification des listes des ménages accusent des retards considérables, absence d'approche globale de réduction de la pauvreté . Le projet du nouveau contrat de ville intéressera 103 douars totalisant près de 8 700 ménages à réaliser entre 2010 et 2013. Les douars intéressés se répartiraient entre Annakhil (46 douars), Ménara (32 douars), Guéliz (20 douars) et Sidi Youssef Ben Ali (5 douars) Habitat menaçant ruine (HMR) L'habitat à risques englobe les constructions dégradées ou en souffrance, celles qui menacent ruine et celles en souffrance ultime. A Marrakech, le programme a fait l'objet d'une convention de partenariat entre le conseil de la ville de Marrakech, et plusieurs autres partenaires. Cette convention, a pour objectifs l'élaboration d'un diagnostic HMR, le relogement de 400 ménages, le confortement de 880 habitats menaçant ruine et les travaux de démolition de 120 habitats menaçant ruine. Le recensement initial a identifié 737 logements à conforter et 296 à démolir soit un total de 1 033 logements habités par 1 816 ménages. Le coût global du programme (2006-2008) a été de 86,75 millions de Dh dont 28,80 fournis par la Commune Urbaine de Marrakech. Comme les contraintes qui ont entravé le programme HMR dans sa première phase ont été nombreuses, un nouveau programme a fait l'objet d'une convention de partenariat entre plusieurs partenaires avec pour objectif le relogement de 1 080 ménages, habitant 360 HMR et le renforcement de 1 440 habitats menaçant ruine, habités par 2 880 familles. Le coût global a été évalué à 161 millions de Dh.
Gouvernance locale La gouvernance locale porte sur l'exercice de l'autorité politique, économique et administrative dans la gestion des affaires. La gouvernance englobe l'Etat, la société civile et le secteur privé. Elle devrait être comprise dans trois perspectives principales : la gouvernance économique, la gouvernance politique et la gouvernance administrative [UNDP, 1996]. La nouvelle charte communale (2009) a accordé une grande importance à la gouvernance locale et elle contient une série d'exigences visant à activer les mécanismes de bonne gouvernance. La nouvelle charte favorise, entre autre, la planification stratégique et la création d'organes consultatifs. La mise en œuvre du PCD dépendrait en grande partie de l'amélioration de la gouvernance locale. Le Conseil communal, présidé par une femme, une première dans la vie politique du pays, est composé de 96 membres (dont 11 femmes) appartenant à 11 partis politique. Le CC dispose de plusieurs commissions permanentes. La présidence du Conseil a proposé une liste des membres de la commission de la parité et de l'égalité des chances qui comprenait 41 membres dont 25% de femmes et qui comprend des personnes appartenant la société civile. Les commissions prennent leurs décisions par consensus. Le fonctionnement des commissions connaît cependant des contraintes et des difficultés. La structure de la commune a connu une série de changements avec la création de nouvelles directions. Actuellement le nombre d'employés et d'agents dans la commune est de 2 800 avec un coût de 167 millions Dh en 2010. Il ne semble pas que la répartition des effectifs du personnel soit équilibrée. On constate enfin l'absence d'une stratégie claire pour la formation continue et un faible taux d'encadrement. Des progrès ont été accomplis en matière de communication avec l'affichage des décisions, le guichet unique pour le service de l'urbanisme et l'élaboration d'un manuel de procédure pour les différents services. Il n'existe pas une vision d'ensemble dans la mise en œuvre des projets et la prise de décision. La Gestion déléguée porte sur les déchets solides et liquides, les transports publics urbains, l'eau, d'électricité et l'assainissement. Cette gestion n'est pas encore entièrement satisfaisante avec des faiblesses qui portent notamment sur les cahiers des charges. Concernant les accords de coopération et de partenariat, certaines conventions méritent d'être plus précises et mieux supervisées L'amélioration de la gouvernance constitue un enjeu de premier plan car des progrès considérables peuvent être obtenus à des coûts très modestes. La modernisation de la gestion communale, l'association des populations et des divers acteurs, le développement du partenariat et l'élargissement de la gestion déléguée constituent autant de voies qui vont permettre d'accroître l'efficacité de l'action, réduire les délais, améliorer le rendement et surtout fournir des services à la mesure des exigences des administrés. L'administration doit s'ouvrir encore plus, améliorer la communication. En matière de gestion financière et d'utilisation des ressources il est tout aussi important d'améliorer l'utilisation des ressources que de chercher de nouvelles. |